I Apologize part de la reconstitution d’un accident. Cette reconstitution engendre plusieurs versions de l’évènement afin d’en cerner la réalité. Diverses, elles ont un statut trouble entre mises en scène d’un évènement réel et mises en scène d’un fantasme; elles génèrent la structure de la pièce, une réflexion sur la réalité et ses représentations hypothétiques.
Ces différentes versions, dirigées par un jeune homme mettent en scène un homme et une femme, icônes à la fois rock et baroques et une vingtaine d’adolescentes d’une douzaine d’années sous la forme de poupées articulées, installent progressivement la confusion dans la perception du réel, domaine de l’inexactitude, de la subjectivité dont les lacunes seront comblées par nos fantasmes.
L’écrivain américain Dennis Cooper a écrit des poèmes et des monologues pour cette pièce, en s’interrogeant sur leur lien réel ou imaginé avec ce qui se passe sur le plateau. Les textes sont lus par l’écrivain lui-même et sont intimement liés à la création musicale de Peter Rehberg. Textes et mise en scène se mêlent, évoquant le rapport entre le désir érotique, la mort et le crime. Ils soulèvent les questions de l’imagination liée au fantasme et son impossible réalisation.
Si la musique et les textes sont à la base de l’écriture du spectacle, ce sont autant les corps et les poupées, et de cette manière, la proposition plastique qui sont les éléments premiers de la conception du spectacle. En ce sens, cette pièce, tout en s’inscrivant dans le champ chorégraphique, relève pourtant bien d’une démarche de travail proprement marionnettique.
Il s’agit d’une exploration de l’émotion qui naît du lien intime entre l’érotisme, la mort et l’immobilité perturbante de la poupée.